Que reste-t-il du Festival de Cannes?

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Que retiendra-t-on du 77e Festival de Cannes? Une fois les films digérés, une fois les polémiques retombées comme des soufflés gonflés aux likes, une fois le palmarès discuté et contesté, que reste-t-il de cette quinzaine branchée sur le pouls du cinéma mondial? D’abord des gestes artistiques insensés! Celui de Mohammad Rasoulof, cinéaste condamné par le pouvoir iranien, qui avec Les graines du figuier sacré, prend tous les risques pour livrer une vision de son pays à travers l’explosion de la famille d’un juge. Celui de Francis Ford Coppola, qui à 85 ans, avec Megalopolis, prévient les générations futures des conséquences de la fin de l’idéal républicain, un poème lyrique de science-fiction. C’est aussi la chute de la démocratie qui a fait réagir Jacques Audiard qui, devant l’état du Mexique, a imaginé Emilia Pérez, ce musical de la deuxième chance. On retiendra aussi un cinéma français en forme olympique, divers et rarement où on l’attend. On fondra aussi nos espoirs dans cette Palme d’or américaine – Anora de Sean Baker- qui, 35 ans après Sexe, mensonges et vidéo de Steven Soderbergh, pourrait raviver un cinéma indépendant américain devenu moribond. 

Du 4 au 10 juin 2024, une semaine pour…

Revivre des rencontres exceptionnelles

Chez Intervistar, on aime les échanges. Ce qui a fait le sel de ce Festival, ce sont les rencontres face au public de deux artistes de légende: Meryl Streep et George Lucas, chacun auréolé d’une Palme d’or d’honneur pour l’ensemble de son œuvre. Difficile d’oublier les vagues d’applaudissements qui ont accompagné l’arrivée de Meryl Streep. Le public de la salle Debussy, chauffé à blanc par la cérémonie d’ouverture, a bu ses paroles, a été ému devant ses souvenirs enrobés de modestie et a ri de ses piques contre le masculin au pouvoir face au journaliste Didier Allouch. Le mag cinéma a monté les meilleurs extraits que vous pouvez consulter ici.

Et puis, il y a eu George Lucas. Attendu comme le Messie dans un Festival qui célèbre les auteurs, il a reçu l’accueil chaleureux des 2300 spectateurs du Théâtre Lumière. Le producteur de 80 ans a mis un point d’honneur à répondre à toutes les critiques concernant Star Wars – alors même qu’on ne lui posait pas la question! Pas assez de femmes dans la saga intergalactique, pas assez de diversité, trop jeune public? Comme si le réalisateur voulait mettre les choses au point, une bonne fois pour toutes. Lui qui consacre désormais son énergie au Lucas Museum of Narrative Art qui devrait ouvrir en 2025 à Los Angeles s’est lancé dans un panégyrique sur le pouvoir des images. That Shelf, média culturel canadien, a filmé l’entretien dans son intégralité.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                 

Enfin, En salle Buñuel, la projection du premier des six épisodes de la série L’Art de la joie, réalisée par Valeria Golino a été suivie d’une conversation avec la journaliste Guillemette Odicino. La réalisatrice italienne revient sur le travail d’adaptation en série du livre et son parcours. A voir en intégralité, ici.


Rencontrer un témoin de l’histoire

Le Festival de Cannes a aussi réservé de belles surprises dans sa section Cannes Première, qui s’affirme comme une occasion de belles retrouvailles avec des cinéastes confirmés. Rendez-vous avec Pol Pot de Rithy Panh était de ceux-là. Le scénario, co-écrit avec Pierre Erwan Guillaume, est librement inspiré du livre de la journaliste américaine Elizabeth Becker et suit trois journalistes français autorisés à interviewer le dictateur Pol Pot. Irène Jacob, Cyril Gueï et Grégoire Colin en sont les protagonistes. Le film offre une vision du régime khmer rouge à travers ce que les rares témoins extérieurs ont pu en percevoir. Le réalisateur de L’image manquante offre ici un hors-champ particulièrement saisi où se mêlent un travail sur le son, des images d’archives et un voile de terreur dans le regard des comédiens. La mise en scène de l’interview de Pol Pot est en tous points glaçante.

La semaine offre de nombreuses occasions de rencontrer et d’écouter Rithy Panh et son équipe. Il y en a bien une qui vous conviendra. L’avant-première à l’UGC Ciné Cité Les Halles mardi 4 juin à 20h15 ; le lendemain matin, ce même cinéma offrira des affiches dédicacées aux premiers spectateurs.

la séance de 14h présentée par Irène Jacob et Rithy Panh aux 7 Parnassiens

la séance au Balzac le 5 juin à 16h.

la première à l’Arlequin mercredi 5 juin à 20h00, en présence de l’équipe du film, en partenariat avec L’Histoire.

Savourer la Quinzaine des Cinéastes

Ma vie ma gueule de Sophie Fillières © Christmas in July

Que serait le Festival de Cannes sans la Quinzaine des cinéastes? Cette sélection, enfant de mai 1968, s’ouvre à une créativité sans frontières. Ici, tout est possible. Les plus grands y sont nés comme en atteste chaque année le très beau montage concocté par Olivier Jahan. Le cru 2024 n’y fait pas exception. Beaucoup de belles découvertes, parmi lesquelles A son image de Thierry de Peretti – le parcours lumineux d’une jeune compagne d’activiste corse-, La Prisonnière de Bordeaux de Patricia Mazuy – duo de femmes de prisonniers magnifiquement interprété par Isabelle Huppert et Hafsia Herzi- Les Pistolets en plastique de Jean-Christophe Meurisse – farce sanglante sur un faits-divers connu. Comment oublier la poésie de Anzu, chat-fantôme, la folie de Sister Midnight ou la nostalgie débridée de Christmas Eve in Millers Point. Mais la plus belle surprise restera la découverte du dernier film de Sophie Fillières, Ma vie ma gueule, tragédie comique où Agnès Jaoui interprète une femme au bord du précipice, en quête d’elle-même.

De nombreuses salles reprennent cette sélection en région parisienne entre le 5 et le 16 juin. Un certain nombre de séances ont lieu en présence des équipes. Regardez bien les programmes du Méliès à Montreuil, du MK2 Beaubourg, du Reflet Médicis, du Louxor et du Select d’Antony. Le Forum des Images, partenaire historique de la Quinzaine, a quant à lui, concocté une quinzaine augmentée où chaque avant-première est complétée par un programme original (cours de cinéma, projection…) et le tout pour 21€!


Partir en vadrouille avec les frères Podalydès

©Anne-Françoise Brillot

Chaque nouveau film de Bruno Podalydès est un bonbon dont on garde longtemps le goût acidulé en bouche. Passé maître dans le comique de situations, ce digne héritier de Jacques Tati a concocté une balade fluviale et burlesque où s’ébrouent Daniel Auteuil, Sandrine Kiberlain et Denis Podalydès. La Petite vadrouille sort le 5 juin; le réalisateur et son équipe viennent à la rencontre du public

jeudi 6 juin à 20h30 au Vincennes

vendredi 7 juin à 20h45 au Select d’Antony

mardi 11 juin à 20h15 au cinéma Hélios de Colombes

lundi 24 juin à 20h30 au cinéma Jean Marais du Vésinet


Déguster les pépites de la Semaine de la Critique

C’est la sélection la plus prometteuse du Festival! Organisée par le Syndicat Français de la Critique de Cinéma, la Semaine de la Critique est composée de premiers et deuxièmes longs métrages. Autant d’occasions de se brancher sur l’avenir du cinéma. Le palmarès de cette année a récompensé du Grand Prix, Simon de la montaña de Federico Luis, Blue Sun Palace de Constance Tsang (Prix French Touch du jury), Julie Keeps Quiet de Leonardo Van Dijl (Prix Fondation Gan à la Diffusion, Prix SACD). Vous pourrez découvrir ces films, et bien d’autres à la Cinémathèque française du du 5 au 10 juin, à la Baleine et aux Variétés à Marseille du 7 au 11 juin.

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