Cet été, on part au Japon

Il y a des étés comme ça, où les valises restent au placard… mais où le voyage, lui, commence dès l’entrée en salle. Cette année, cap à l’Est : le Japon s’invite au cinéma et on ne va pas bouder notre plaisir.

De Tokyo à Kyoto, des ruelles en fleurs aux mondes parallèles, la japanimation cartonne, la comédie de l’été va vous mettre la tête à l’envers, les mélodrames en 4K refleurissent, et des chefs-d’œuvre qu’on croyait inaccessibles — coucou L’Œuf de l’ange — débarquent enfin sur grand écran. C’est un été de premières fois, de redécouvertes, et d’écrans comme fenêtres sur l’ailleurs.

Hosoda, Oshii, Yoshimura… Des noms qui claquent comme des haïkus, des films qui serrent le cœur et élargissent l’horizon. Bref, cet été, pas besoin de billet d’avion. Le Japon est à deux pas, dans la salle obscure du coin. On s’y retrouve ?

Grandir (et rêver) avec Hosoda

Les Enfants loups, ©2012 “WOLF CHILDREN” FILM PARTNERS

KMBO ressort trois chefs d’oeuvre de Mamoru Hosoda en version restaurée 4K. Il faut découvrir La Traversée du temps, Summer Wars et Les Enfants loups, Ame et Yuki dans toute leur splendeur visuelle. Oui, ces pépites sont disponibles en VOD… mais franchement, pourquoi se contenter d’un écran de téléphone quand on peut vivre l’aventure en grand ? Car au cinéma, more is more. Et Hosoda, c’est du grand cinéma pour tous les âges.

Maître des liens invisibles : ceux qui unissent les générations, les familles recomposées, les ados en crise, les enfants-loups et les mondes parallèles, il parle d’amour, de deuil, de filiation et d’amitié avec une douceur surnaturelle, mais toujours les deux pieds bien ancrés dans le réel. Et pour cause, ce fils de cheminot devenu magicien de l’image a infusé ses souvenirs d’enfance – entre rizières, montagnes et solitude rêveuse – dans un cinéma profondément humain, aux frontières du fantastique.

Les trois films sont visibles tout l’été dans plus de cent salles comme Les Variétés de Marseille, Le Luxy à Ivry ou l’Omnia de Rouen mais aussi à Angoulême, La Turballe, Cholet et Strasbourg. Triple dose de beauté garantie, clim incluse.

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La Japanimation flambe en France

L’oeuf de l’ange, ©Mamoru Oshii, Yoshitaka Amano/Tokuma Shoten, Tokuma Japan Communications All Rights Reserved

Depuis quelques années, l’animation japonaise n’est plus un plaisir de niche ou une passion de fans éclairés. C’est un rendez-vous cinéphile à part entière, qui embrase les salles tout l’été. Et 2025 ne fait pas exception : rétrospectives, ressorties 4K, festivals en plein air et avant-premières inédites s’enchaînent, pour le plus grand bonheur des amateurs d’histoires dessinées, mais pas pour autant édulcorées. Surveillez les programmations de vos salles. On vous signale le très beau cycle du cinéma Le Vox à Mayenne qui se termine en apothéose le 31 août avec l’avant-première de L’Œuf de l’ange (Tenshi no tamago, 1985) de Mamoru Oshii avant sa sortie le 3 décembre. Ce poème visuel, métaphysique, quasi muet du réalisateur de Ghost in the Shell était quasi-invisible depuis sa sortie. Co-créé avec Yoshitaka Amano (charadesigner de Final Fantasy), le film est un OVNI absolu, fascinant, déroutant, hypnotique. Un voyage intérieur sur la foi, la mémoire, la solitude, porté par des images sublimes et une atmosphère suspendue. C’est le chaînon manquant entre l’animation expérimentale et le grand cinéma d’auteur. Et c’est un miracle de le voir enfin projeté sur grand écran, 40 ans après sa création. Le 1er août, le film est projeté également au Cinémaginaire d’Argelès-sur-Mer.

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La pépite de l’été: Comédie et SF à Kibune

En boucle, ©-2023-EUROPE-KIKAKU-Tollywood

Il nous arrive souvent de vouloir arrêter le temps. En Boucle concrétise ce rêve fou qui condamne le village de Kibune et particulièrement, son auberge à revivre les mêmes deux minutes. Le deuxième film de Junta Yamaguchi est une véritable petite bombe de science-fiction artisanale, plus drôle qu’un manuel de physique quantique, et aussi inventive qu’un épisode de Black Mirror écrit par un fan d’Un Jour Sans Fin. Tout ça dans l’ambiance du Japon traditionnel, puisque le village perché dans la montagne est une des sources d’inspiration du Voyage de Chihiro.

Tourné avec un budget microscopique mais une énergie scénaristique démente, ce film joue avec le temps et les genres. Derrière la mécanique ludique, il interroge avec tendresse ce qu’on fait de nos secondes, de nos regrets… et de nos chances de les revivre. À voir d’une traite, à partir du 13 août, notamment au Ciné 104 à Pantin, au Diagonal à Montpellier, ou au Rex de Brive-la-Gaillarde.

Le mélodrame flamboyant à ne pas louper

Rivière de la nuit, © 2025 Carlotta Films.

Kyoto, l’après-guerre. Kiwa Funaki, jeune teinturière, refuse les conventions et préfère la liberté à un mariage arrangé. Sa rencontre avec un professeur marié bouleverse ses certitudes… Premier film en couleurs de Kozaburo Yoshimura, « Rivière de nuit » (1956) est une œuvre rare, portée par la beauté des étoffes et le trouble des sentiments. Grâce à la photographie somptueuse de Kazuo Miyagawa (Rashômon), chaque plan devient une estampe mouvante, entre sensualité, mélancolie et audace narrative. Portrait d’une émancipation, ce mélodrame longtemps invisible sort pour la première fois en Blu-ray, le 19 août chez Carlotta.

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Sakamoto, notes d’une vie

Ryuichi Sakamoto lors de son dernier concert ©2022 Kab Inc

Un piano, une silhouette frêle, un dernier souffle de musique. Dans les mois qui ont précédé sa disparition, Ryuichi Sakamoto – compositeur de génie, pionnier de l’électro-pop avec Yellow Magic Orchestra, auteur des bandes originales inoubliables de Furyo ou Le Dernier Empereur – n’avait plus la force de monter sur scène. Pourtant, en 2023, il rassemble ses dernières forces pour une ultime performance, seul avec son piano, dans un studio plongé dans la pénombre. C’est ce concert d’adieu Ryuichi Sakamoto | Opus que Potemkine vous propose aujourd’hui en salles. Un film testamentaire, un autoportrait sans mots à travers vingt morceaux choisis par l’artiste lui-même dont vous pourrez connaitre la track list sur cinezik. Opus retrace, en effet, toute une vie de création, du succès pop à la méditation intime. La caméra du réalisateur Neo Sora, son propre fils, filme ce moment suspendu avec une grâce quasi chorégraphique – lente, pudique, infiniment tendre.

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Soleil levant sur le Quartier Latin

Cet été, la Filmothèque du Quartier Latin célèbre le cinéma japonais dans toute sa richesse à travers une rétrospective géante qui mêle chefs-d’œuvre classiques et pépites plus contemporaines. L’occasion de (re)voir les géants – Mizoguchi, Kurosawa, Ozu, Naruse, Shindo – mais aussi les figures de la Nouvelle Vague japonaise, d’Imamura à Oshima, jusqu’au regard poétique et punk de Kitano.

Point de départ : la ressortie en version restaurée de Pluie noire de Shohei Imamura (dès le 29 juillet), saisissant récit post-Hiroshima à la beauté sombre et au réalisme cru. La rétrospective se prolonge jusqu’en octobre, avec une sélection de titres emblématiques : Rashomon, Les Contes de la lune vague après la pluie, Rêves, Le Château de l’araignée ou encore L’Été de Kikujiro – autant de films pour traverser les époques, les styles et les âmes d’un des plus grands cinémas du monde.


Coup de coeur : Aux jours qui viennent

Aux jours qui viennent, ©Paname Distribution

Dans Aux jours qui viennent, la réalisatrice Nathalie Najem explore la violence dans une relation, son après, et les cicatrices laissées par l’emprise. Un homme, deux femmes. L’ex tente de se reconstruire, la nouvelle subit et finit par frapper à la porte de la première. Laura élève seule sa fille Lou, née d’une relation passée avec Joachim, désormais en couple avec Shirine, qu’il isole et contrôle peu à peu. Le récit alterne les points de vue jusqu’à leur croisement, lorsque Shirine trouve refuge chez Laura. Le réalisme du quotidien se mêle à une tension sourde, portée par un duo d’acteurs puissants : Zita Hanrot, qui incarne une mère en pleine reconstruction, et Bastien Bouillon, un père absent, à la fois pathétique, dangereux et rongé par la drogue. C’est notre coup de coeur de la semaine. Allez-y!

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