Il y a toujours un moment où il faut y aller. Prendre une caméra, un téléphone, ou juste un carnet, et faire. Le premier film, c’est souvent une urgence, un cri plus qu’un discours. Mais surtout, c’est un acte de naissance. Ce premier film, c’est la preuve que c’est possible. Que l’idée n’est plus un fantasme. Que l’on peut faire avec peu, tant qu’il y a une vision.
Il y a quelque chose de sacré dans ce passage à l’acte. Non pas parce qu’il faudrait absolument réussir du premier coup, mais parce qu’il faut oser. Faire son premier film c’est un parcours du combattant, une aventure au long cours, l’aboutissement d’années, de mois, de semaines à se battre pour faire lire son scénario, trouver un producteur, un distributeur.
Cette semaine, Intervistar s’intéresse à ces débuts. Aux films qui ouvrent une porte. Aux adresses, outils, ressources qui permettent de s’y mettre, même sans thune mais avec panache. Et aux jeunes voix qu’on veut entendre, caméra au poing.
Car derrière chaque film culte, il y a un jour un premier pas.
🎥 Coup de coeur pour Little Jaffna de Lawrence Valin
Un premier long qui ne ressemble à aucun autre. Et la promesse d’un réalisateur à suivre de très près. Intervistar vous recommande Little Jaffna, un polar qui suit un flic infiltré dans un gang tamoul. Dans les rues du 10e arrondissement de Paris, de La Chapelle à la Gare du Nord, entre bagarres de rue, danse urbaine et tendresse virile, Lawrence Valin signe un film brut et poétique, qui capte les tensions d’un quartier et d’une jeunesse tiraillée entre survie et désir d’ailleurs.
Le film déjoue les clichés et offre un regard rare sur la communauté tamoule et une vraie maîtrise formelle : caméra au plus près des corps, souffle nerveux, montage au cordeau. Un cinéma physique, intense, traversé d’instants suspendus.
Pour Lawrence Valin, le parcours du combattant est passé par la Résidence de la Fémis. La Résidence est une formation de la célèbre école de cinéma destinée à ouvrir les horizons de la création à de nouvelles voix et de nouveaux regards. Mise en place en avril 2015, d’une durée de 2 ans à temps plein, elle forme, sans exigence de diplômes, 4 jeunes de moins de 32 ans ayant déjà une première réalisation à leur actif. Ce cursus s’adresse aux jeunes issus de milieux modestes, passionnés de cinéma, autodidactes ou ayant déjà développé une pratique amateure, pour les accompagner dans leur volonté de professionnalisation. Les 4 étudiants de La Résidence bénéficient d’une bourse de vie mensuelle attribuée par la Fondation Culture & Diversité, partenaire historique des programmes Égalité des chances de La Fémis.
Little Jaffna a été sélectionné au Festival de Venise 2024 (Settimana Della Critica Venezia), Toronto International Film Festival, Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz, Festival Premiers Plans d’Angers, Festival du Film de Sarlat et a récemment remporté le Prix du Public et Prix du Jury du Festival Reims Polar.
📍En salle dès mercredi.
🎙️3 questions à Ava Cahen
Déléguée générale de la Semaine de la Critique – la section cannoise consacrée aux premiers et deuxièmes film, la journaliste Ava Cahen vient de publier Premiers films, une exploration approfondie du processus de création des premiers films de cinéma.
Comment sont nées ces conversations sur la fabrication d’un premier film?
L’idée de départ est de faire converser réalisateur et producteur car depuis que j’ai pris la charge de la Semaine de la Critique je me suis rendue compte que s’il faut un auteur, le rôle du producteur est essentiel. Je voulais leur donner la parole pour raconter le parcours – et dans le cas d’un premier film, il est souvent très long- qui mène de l’idée à la première projection publique.
Peut-on dégager des points communs dans ces parcours du combattant?
Les cinq films que j’ai choisis ont connu des fabrications différentes. Ce sont des films francophones de genres variés : un thriller d’espionnage (Les Fantômes), un mélodrame (Le Ravissement), une fable surréaliste (Augure), un film musical queer (Les Reines du drame) et une comédie dépressive semi-animée (Tout le monde aime Jeanne). Ils partagent d’abord le point commun d’une première au Festival de Cannes. Quatre d’entre eux à la Semaine de la critique, un dans la section Un certain Regard. Avant de les accueillir à Cannes, nous avons été témoins de leur difficultés et je voulais transmettre la vérité d’un récit, sans langue de bois.
Qu’est-ce qui vous a le plus surpris?
Le livre casse les idées reçues. Certes, les obstacles sont nombreux sur la route du premier film. Ils sont d’ordre créatifs, techniques et financiers. Mais ce qui me fascine c’est le génie humain des solutions. Leur récit n’est pas décourageant, bien au contraire. Par exemple, si on n’obtient pas l’avance sur recettes du CNC, on peut trouver des financements ailleurs. Avec des chapitres consacrés à des thèmes essentiels comme le financement participatif, la distribution indépendante, la gestion d’équipe et l’impact de la technologie, Premiers films permet de mieux comprendre la réalité du cinéma indépendant.
Premiers films n’est pas seulement un manuel pratique pour les aspirants cinéastes, mais une véritable odyssée émotionnelle sur les coulisses pour cinéphiles passionnés. débuter dans le cinéma aujourd’hui.
🚀 Leur première fois
📍 Maël Piriou sort son premier film cette semaine également, Une pointe d’amour avec Julia Piaton, Quentin Dolmaire et Grégory Gadebois. Une rom-com sur fond de handicap bourrée d’optimisme.
📍 Louise Courvoisier, réalisatrice de Vingt Dieux, César 2025 du Premier film et et de la meilleure révélation féminine pour Maïwène Barthelemy, viendra discuter avec les aficionados de la Librairie Potemkine le 5 mai à 18h30. Entrée libre.
📚Un outil indispensable pour faire du cinéma
Autre bible à dévorer d’urgence pour qui veut se lancer, celle de Frédéric Sojcher, Anatomie du cinéma. Cinéaste mais aussi responsable du Master en scénario, réalisation et production de l’université Paris I Panthéon-Sorbonne, il nous offre une traversée aussi technique qu’intime du parcours de cinéaste. Très richement documenté, et fourni en témoignages, son ouvrage fait un état des lieux sans illusions de la création cinématographique. Anatomie du cinéma est une sorte d’anti-manuel qu’on aurait pu sous-titrer : tout ce que j’aurais aimé qu’on me dise avant de me lancer. Car c’est sans rien cacher que Frédéric Sojcher dévoile les galères de financements, les passages devant la Commission (belge ou française), les injonctions à réécrire, les critiques, les festivals…
A découvrir également sur le site de la librairie Potemkine, la sélection DVD de Frédéric Sojcher.
✨ Candidatez à la Fabric’ACTION
Lancé par le CNC et l’INA, Fabric’ACTION est un programme inédit qui permet à deux jeunes cinéastes émergents de tester et tourner des séquences de leur scénario de fiction. Il consiste à accueillir au maximum deux lauréats dans un programme de résidences de fabrication au sein d’écoles du secteur soutenues par le CNC et « La Grande Fabrique de l’Image ». L’objectif est de leur offrir l’opportunité d’expérimenter des fragments de la version en cours de leur scénario de fiction sur les aspects relevant du tournage. La résidence est ensuite prévue sur huit mois, répartie en deux temps :
• Novembre 2025 à février 2026 : quatre mois de préparation
• Mars à juin 2026 : quatre mois de fabrication en résidence. Les lauréats bénéficient d’un accompagnement personnalisé de l’équipe pédagogique de la Classe Alpha de l’INA.
👉 La 2ᵉ édition ouvre bientôt !
📅 Dépôt des candidatures du 1ᵉʳ mai au 1ᵉʳ juin 2025. Plus d’informations ici.
Un dispositif unique pour transformer une idée en expérience concrète.
🇧🇷🎞️ Invitation au voyage : le Brésil au cinéma
Du 30 avril au 6 mai 2025, le cinéma l’Arlequin à Paris accueille une nouvelle édition du Festival du cinéma brésilien le cadre de l’Année France-Brésil. Avec plus de 6 000 spectateurs attendus, c’est un rendez-vous incontournable pour découvrir des films inédits, rencontrer des invités prestigieux et plonger dans l’univers vibrant du cinéma brésilien. Des projections enflammées, des rencontres exclusives et une atmosphère festive pour célébrer la culture brésilienne sous toutes ses formes.
À ne pas manquer :
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Je suis toujours là (Oscar 2025 du Meilleur film international) – projection les 30 avril et 1er mai 2025
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La forêt d’Emeraude en présence de Dira Paes le 1er mai
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Plus lourd est le ciel en présence de l’actrice Silvia Buarque
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Motel Destino en présence du réalisateur Karim Ainouz et de l’actrice Marina Foïs le 3 mai
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Malu en présence de l’actrice Juliana Carneiro da Cunha le 3 mai.
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Soirée drag queen avec Le Filip et Soa de Muse le 30 avril
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DJ set le 3 mai
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Concert de clôture le 6 mai
L’actrice Marina Foïs est la marraine de cette édition exceptionnelle ! L’actrice et réalisatrice brésilienne Dira Paes à laquelle le festival rend hommage donnera une masterclass à la Sorbonne le 6 mai à 14h. Inscription obligatoire via ce lien.
🎬 Connaissez-vous le Prix Alice Guy ?
Depuis 2018, ce prix unique en France met en lumière les réalisatrices de long métrage, en rendant hommage à Alice Guy, pionnière du cinéma mondial et première femme réalisatrice de fiction.
Attribué chaque année par un jury de journalistes et de professionnels du cinéma, le Prix Alice Guy récompense un film réalisé par une femme, sorti en salles l’année précédente. Un geste fort pour promouvoir la visibilité des cinéastes et rééquilibrer la place des femmes derrière la caméra. Cette année, Le jury composé de Jean-Pierre Améris, scénariste et réalisateur, Michaël Mélinard, journaliste et critique, Pauline Seigland, productrice, Kaouther Ben Hania, scénariste et réalisatrice, Prix Alice Guy 2024, Anna Mouglalis, actrice, et Thomas Jolly, comédien et metteur en scène (notamment des cérémonies des JO), a décerné le prix à Bye bye Tibériade de Lina Soualem. En plongeant dans l’histoire de sa mère, l’actrice Hiam Abbas, la cinéaste retrace la mémoire dispersée de quatre générations de femmes palestiniennes.
📅 Rendez-vous mardi 29 avril 2025 au cinéma Max Linder pour assister à la remise du Prix Alice Guy. Une cérémonie engagée et festive, avec projections des courts d’Alice Guy et du film lauréat. Réservez vos places ici.
💡 Parce que la parité au cinéma commence aussi par la reconnaissance.
🎧 Podcast, clap, action !
Derrière chaque scène mémorable se cache un monde invisible Ecriture, coiffure, maquillage, casting, décors, technique, et toutes ces autres étapes de la conception d’un film ou d’une série. Intervistar vous propose de vous immerger dans les coulisses du processus de création avec ces podcasts bien renseignés, aux invités talentueux.
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Cinéphiles de notre temps par Phane Montet et Clément Coucoureux nous fait découvrir la diversité des métiers du cinéma, disponible sur leur site, Spotify, Ausha, Youtube et Apple Podcasts
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La machine à écrire par Yannick Lejeune et Mike Cesneau raconte comment se créent les histoires, de l’idée jusqu’à la réalisation. Disponible sur Spotify, Ausha, Youtube, et Apple Podcasts.
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La fabrique par Juliette Arnaud et Ramzi Assadi, consacre ses épisodes à la création, tant du côté des auteurs, que des cinéastes. Ici on parle méthode de travail et technique d’écriture. Disponible sur leur site, mais aussi sur Spotify, Youtube, Apple Podcasts et Deezer.
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On vous rappelle ! par Patrick Romango explore les dessous des castings. Disponible sur Acast, Spotify, Apple Podcasts et Deezer.
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Et le scénario par la Cité Européeenne des Scénaristes s’intéresse au rapport au scénario en interrogeant différents professionnels du cinéma. Disponible sur leur site, Spotify, Youtube, et Apple Podcasts.
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Kinopod par Jean Veber et ses buddies raconte les coulisses des plus grands chefs d’oeuvre. Le podcast sur la magie du Cinéma. Le réalisateur/podcaster Jean Veber est tombé dedans quand il était petit. En compagnie de super guests/co-hosts triés sur le volet. C’est drôle et très documenté. Sur Youtube, Soundcloud, Apple Podcasts.
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